vendredi 13 juillet 2007

Séparation des axes de circulation

Le cas est entendu, depuis la Charte d'Athènes on sait qu'il est de bon ton de veiller à ménager le rythme de déplacement de chaque moyen de transport, du piéton à l'automobile, en passant par le vélo et les poussettes. Et les urbanistes modernes se sont essayés à la dalle, expression ultime de la séparation entre les voies de circulation.

Quels sont les avantages de cette séparation ?
  • la sécurité tout d'abord.
    Le Corbusier met en avant la phénoménale différence de vitesse entre une automobile et un piéton (et j'ajouterais l'absence de protection de ce dernier), et donc les risques insensés couru par ce dernier. Séparez-les, et vous supprimez les risques.
  • autre avantage, le confort.
    Pour le piéton il est de plusieurs ordres: chemin plus agréable (pas de voitures, généralement des arbres et des bancs, les gens qu'on croise sont plus reposés), niveau sonore réduit (ah le bruit des mobylettes!) et les odeurs de gaz d'échappement oubliées. Si en plus vous mettez les commerces sur le chemin du piéton, tout y est.
Un exemple de séparation réussie: le mail de Ville d'Avray. Certes pas très long, mais un passage en douceur entre l'église et les étangs, parmi les arbres et les résidences


Ce système idyllique peut-il dériver ? poussé à l'extrême il peut perdre ses usagers.
Prenons l'exemple du quartier de la Défense: une dalle, toute réservée aux piétons, et un Boulevard Circulaire dévolu aux automobiles. Jusqu'ici tout va bien. D'où vient la dérive ? de la lisibilité apportée par la mise de place de ces choix. A La Défense, et les locaux en plaisantent, il ne suffit pas de voir une tour pour savoir comment y aller. Il faut savoir comment y aller. Et le trajet piéton est complètement différent du trajet voiture, ce qui fait que si vous ne savez y aller que d'une manière, vous devrez réapprendre votre chemin en cas de changement de moyen de locomotion. La Défense est actuellement le meilleur exemple du pire possible en terme de séparation des voies de circulation.
Mais rien n'est définitif. Depuis peu, l'EPAD s'est lancé dans un ambitieux programme visant à redonner de la lisibilité au quartier, via un réaménagement du Boulevard Circulaire d'une part, et une refonte de la signalétique piéton d'autre part.

La Défense illustre néanmoins par l'absurde un des bienfaits du maintien côte-à-côte des voies de circulation: la fonction d'apprentissage. Le même trajet peut se faire sur le trottoir à pied (ou en poussette, ou en trotinette), ou bien en vélo, ou encore en voiture. Cela dépend de l'âge du sujet ou du nombre de personnes. Pensez au trajet domicile-école. Si nous pouvons laisser nos enfants y aller en confiance, c'est qu'ils le connaissent par coeur, pour l'avoir fait avec ou sans nous plusieurs fois avec l'un de ces moyens de locomotion. Mettez-les à La Défense, ils n'auront appris qu'une technique...

La rue revient, en témoignent les formidables ilôts ouverts de Mr de Portzamparc sur la Rive Gauche de Paris, Quartier Massena

Questions, réactions, n'hésitez-pas.

1 commentaire:

Sipane a dit…

Bonjour,
En France il existe des villes notamment "les villes nouvelles" dans la banlieue parisienne qui ont, dès leur conception urbanistique, opté pour une cohabitation des voitures, pistes cyclables et piétons, selon moi c'est une réussite où chacun respecte le "territoire" de l'autre.
Mais ce qui est plus difficlie c'est de rajouter (comme ils veulent faire à la Défense)des voies qui n'étaient pas prévus depuis le début et le jour où il y aura plus d'accidents, ils diront que ce sera forcément la faute à cette méthode...
Ceci-dit personellement je suis pour un peu plus de cohabitation des moyens de transports, voitures, vélos, poussettes, dans la limite du respect d'autrui.
Ce que j'ai pas vraiment compris, en quoi tout ce renouveau (du boulevard circulaire) aiderait la fluidité du traffic?
Merci.