

Mes commentaires sur architecture et urbanisme, des lectures et des idées.
Un dimanche d'avril, visite guidée du couvent. |
Dans un découpage parcellaire, la valeur maximale du terrain à bâtir est atteinte lorsque chaque bloc présente un rapport maximal entre son périmètre et sa surface. D'un point de vue purement géométrique, des parcelles rondes seraient plus avantageuses, et il faudrait les disposer comme des billes de taille égale serrées le plus étroitement possible : en l'occurrence, six devraient en entourer une septième. En traçant entre ces blocs des rues droites et de largeur constante, les cercles deviendraient des hexagones réguliers ressemblant à un carrelage ou aux cellules d'une ruche. On a peine à croire que l'homme soit capable de mettre à exécution une idée aussi pesante de laideur et effrayante de monotonie, et qui ruine à ce point toute possibilité d'orientation. Cette chose incroyable est cependant devenue réalité, à Chicago. Voilà donc la quintessence du système de blocs. Une chose est sûre: l'art et la beauté n'y ont pas la moindre place.La note de l'édition actuelle (Points Seuil) précise qu' "on ne connaît aucune réalisation, ni même de projet qui corresponde à cette description". Mon étude théorique reste donc ce qu'elle est: un essai sur le sujet visant à comprendre graphiquement les avantages et contraintes apportées par ce modèle.
La notion théorique d'une identité de part et d'autre d'un axe ne s'est progressivement imposée qu'à partir du moment où, sur les chantiers de l'époque gothique, on a commencé à réaliser de vrais dessins d'architecture, et à utiliser de plus en plus fréquemment les axes de symétrie, au sens moderne du terme. A ce concept nouveau on appliqua le terme ancien, et on en altéra du même coup la signification. [...] Depuis l'idée de la symétrie a conquis le monde. Les axes de symétrie se multiplient sur les plans d'architecture, d'où ils passent sur les places et dans les rues, conquérant un domaine après l'autre, jusqu'à ce qu'ils restent seuls maîtres, remèdes uniques et miraculeux de tous nos problèmes. Tous nos règlements d'urbanisme prétendument "esthétiques" manifestent l'inconsistance de cette malheureuse attitude. Chacun reconnaît la nécessité d'une réglementation esthétique en ce domaine. Mais dès qu'il s'agit de trouver une formulation précise, l'enthousiasme initial cède la place à l'embarras, et la souris dont accouche la montagne n'est autres que l'universelle, l'indispensable et incontestable symétrie.