dimanche 4 novembre 2007

Autoroute et droit de riveraineté

Qu'est-ce qui différencie une autoroute de toute autre voie de circulation ? la vitesse ? les doubles (ou triples voies) ? l'absence de croisements ? certes un peu tout cela, mais également une notion de droit décrite par Jean-Paul Lacaze dans son Paris, urbanisme d'Etat et destin d'une ville: la suppression du droit de riveraineté.

Détails:

La caractéristique essentielle d'une autoroute résulte d'une notion purement juridique, et non de l'aspect physique de chaussées continues sans croisement à niveau et avec accès et sorties tangentielles. Il s'agit de la suppression totale du "droit de riveraineté" au nom duquel tout propriétaire d'un terrain ou d'un immeuble desservi par une voie peut se servir de cette dernière pour accéder chez lui, disposer ou prendre des marchandises, ou encore sortir une chaise devant sa porte pour humer l'air du temps. Les logiques de fort débit et de sécurité inhérente à la solution autoroutière interdisent de conserver un tel droit, source de trop d'évènements aléatoires et imprévisibles.
De ce fait, l'autoroute a rompu l'antique complicité entre la voie urbaine et l'immeuble riverain. Or, l'organisation de cette complicité est l'une des racines historiques des pratiques urbanistiques.

Certes, on pourra objecter à Mr Lacaze qu'en fait ce droit n'est pas forcément occulté, mais simplement non utilisé, par le simple fait que les riverains des autoroutes sont en général les propriétaires de l'autoroute (en l'occurrence l'Etat bien souvent), l'emprise foncière dépassant généralement les simples voies de circulation. Toujours est-il qu'il est bel et bien interdit (et fort peu recommandé) de sortir sa chaise sur l'autoroute - en dehors des zones prévues à cet effet, bien entendu !

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